Dans mes entrailles vole un troupeau de chauve-souris
Autrefois à Saint-Émilion je suis entrée dans une grande maison
dans les douze chambres des chauve‑souris se heurtaient contre les murs
mes hôtes m’ont dit que j’étais une sorcière
au lieu de me brûler
ils m’ont logée dans la plus belle chambre
Je n‘habite ici qu‘avec des pigeons
dans la maison que tous ont abandonnée
et que moi maintenant j‘abandonne aussi
il est possible de se promener dans les entrailles des appartements
et sur les morceaux de meuble observer les empreintes des anciens voisins
le matin je sors sur la coursive entre des débris et de la fiente
telle est ma vie
les fenêtres voilées vers le passé
et auprès des murs trempés les alluvions des rêves
A la mort de Viola Fischerová
Maintenant je ne rêve qu‘à ta „maisonette dans
les vignes“
ton nom a le goût du raisin sauvage d‘automne
Aujourd‘hui j ai fait un carré à Marina
dans la nuit en Auvergne sa mère a appellé
l‘ambulance pour une crise d‘angoisse
hier j‘ai reçu une lettre maligne d‘un ami
J‘ai pensé de ne plus pouvoir écrire, Viola,
mais ta main morte m‘a rouvert
la petite porte vers des lieux interdits
traduction Tereza Riedlbauchová et Blandine Poinsignon-Douailler
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